Chapitre 6 : Un Équilibre Brisé ?
Chris dépend de la buprénorphine pour combattre sa dépendance aux opioïdes. Ce médicament, efficace mais complexe, équilibre la douleur et le plaisir, mais avec des risques de mésusage. Il s’ouvre à Anna, un premier pas vers la compréhension et la gestion de sa lutte.
Chris, originaire de l’Arkansas, est arrivé à Stanford en 2003 avec de grands rêves, mais a rapidement lutté contre la solitude, plus que ses camarade d’université et subit ensuite une peine de coeur. Sa détresse l’a conduit à une tentative de suicide. Il finit interné dans un hôpital psychiatrique, soulagé d’être sous contrôle dans un environnement prédictible.
Puis, il fût exclus temporairement de l’université. Par la suite, il découvre les drogues, aggravant son isolement et sa désillusion. Malgré plusieurs échecs académiques et aller-retours à Stanford, il a continué à lutter contre la dépendance, jusqu’à ce que la Buprénorphine, un médicament salvateur, lui offre une lueur d’espoir pour un retour réussi à l’université.
Après avoir obtenu son diplôme avec honneurs et un doctorat, il s’est marié et mène une vie épanouie. Malgré quelques inquiétudes sur son manque d’émotion, il voit la buprénorphine comme essentielle, refusant de l’arrêter car elle a considérablement amélioré sa vie.
Beaucoup de complexité et de dilemmes entourent l’usage des médicaments psychotropes. Anna Blemke, s’interroge sur l’équilibre plaisir-douleur perturbé chez certains patients comme Chris, qui semble trouver un soulagement uniquement dans les opioïdes. Cela corrobore la théorie largement répandue durant les années 1990 selon laquelle certaines conditions mentales, comme la dépression ou l’anxiété, sont dues à un déséquilibre chimique dans le cerveau, et que les médicaments peuvent “normaliser” ce déséquilibre. Cependant, on questionne l’efficacité à long terme de ces médicaments et soulève des préoccupations sur leur potentiel addictif et sur leurs effets indésirables, comme l’aggravation des symptômes psychiatriques.
L’auteure partage également ses expériences personnelles avec les médicaments psychotropes, à la fois en tant que médecin et patient, et discute des impacts de ces médicaments sur la capacité des individus à ressentir une gamme complète d’émotions. Elle s’interroge sur le coût humain de la médicalisation de la souffrance et sur la possibilité que ces médicaments soient utilisés comme moyen de contrôle social, surtout chez les populations défavorisées et marginalisées.
En 2005, “Serenity”, un film de science-fiction réalisé par Joss Whedon, présente une expérience où une planète est traitée contre les émotions négatives pour créer une société harmonieuse. Le héros, Mal, un pilote rebelle du vaisseau Serenity, découvre que la population de cette planète est morte, privée de tout désir à la suite d’une mutation génétique, illustrant tragiquement l’échec de l’expérience.
Comme les vrais rats appauvris en dopamine mentionnés dans une expérience précédemment, ils meurent de faim plutôt que de se déplacer de quelques centimètres pour se nourrir, ces humains sont morts par manque de désir.